LA CONTREFAÇON EN THAÏLANDE - LE CAS NIKE ET LE MAILLOT DE LA COUPE DU MONDE 2018...
Le prix du maillot Nike par rapport à con coût de production en Thaïlande fait débat.
Au-delà de ce cas précis (que nous évoquerons), parlons plus généralement de la contrefaçon.
La contrefaçon est présente en Thaïlande, ce n’est pas un scoop, comme elle l’est dans tous les pays d’Asie.
Avant d’avoir un avis tranché sur la question, et tous les avis sont audibles, voyons quelles sont les principales causes de présence de ces contrefaçons.
1) La présence dans les pays d’Asie des principales usines qui fabriquent les produits pour les grandes marques
Effectivement il est compréhensible que là où sont produits les articles de marque il y ait des produits de contrefaçon en circulation.
Il faut être prudent quand on parle de contrefaçon car en fait il y a deux types de produits non autorisés à la vente. Tout d’abord la « surproduction » qui concerne de vrais produits mais fabriqués sans l’autorisation de la marque. Ce sont les usines qui écoulent ces produits sur un marché parallèle que l’on appelle encore le « grey market ».
Ensuite il y a la véritable contrefaçon qui concerne des produits imités avec des matériaux de bas de gamme. Ce sont les produits que l’on trouve en Asie sur les marchés locaux et en Europe sur les plages ou auprès des vendeurs à la sauvette.
A signaler que ces produits sont aussi largement vendus sur internet.
2) Des salaires locaux souvent très bas
Ce point est indéniable et le plus scandaleux au regard de ce sujet de la contrefaçon.
On sait combien coûtent les produits de marque et quand on voit que le salaire moyen d’un ouvrier en Thaïlande est de 180 euros (et encore moins dans certains autres pays producteurs) on ne peut qu’être indigné.
Les ouvriers(ères) sont souvent des gens très habiles de leurs mains et qui ont une grande expérience. De ce fait ils sont souvent très sollicités par les usines ou ateliers de fabrication parallèles pour travailler à la fabrication de la contrefaçon en dehors de leurs heures de travail (en atelier ou à la maison).
Il est normal de penser que ces gens aient besoin d’améliorer leur revenu et il arrive que ce travail parallèle leur procure des revenus bien supérieurs à leur travail légitime, surtout si ce sont des ouvriers très qualifiés.
3) Le comportement des marques qui placent le profit et uniquement le profit au centre de leurs préoccupations.
Ce n’est pas nouveau mais en tous les cas c’est une réalité que personne ne contestera.
Les usines sont pressées comme des citrons par les marques pour diminuer leurs prix et ce sans toucher bien sûr à la qualité des matériaux utilisés qui sont choisis par les marques. La seule solution est donc de jouer sur les cadences de production et les salaires.
Les marques se défendent en disant qu’il faut ajouter les frais de transport et les taxes douanières. Cet argument est fallacieux car ça ne représente qu’une part très faible du coût final.
En ne tenant pas compte des réalités économiques des pays producteurs et surtout de ses salariés peu payés les marques se tirent en fait une balle dans le pied et ceci pour plusieurs raisons.
Tout d’abord ça les oblige à mettre en place un système de surveillance sur place avec des cadres expatriés et des voyages fréquents dans les différentes usines. Ceci coûte très cher et impacte le coût final assez lourdement.
Ensuite ils encouragent fortement la contrefaçon puisque leurs produits, exagérément chers par rapport au coût de production sont recherchés et les marques jouent sur un déséquilibre bien orchestré entre l'offre et la demande.
Il faut aussi savoir que, et contrairement à ce que l’on pouvait constater il y a quelques années, le consommateur n’est aujourd’hui plus aussi regardant sur le fait que le produit soit un faux ou non.
Quand on donne comme argument que le polo ou le maillot à 150 € va durer 10 ans le consommateur s’en fiche car il est devenu un consommateur de masse et préfère aujourd’hui acheter beaucoup moins cher et changer souvent (à part pour les marques de très grand luxe ou les événements particuliers comme la coupe du monde 2018).
Enfin, il ne faut pas prendre les ouvriers de ces usines pour des imbéciles. Aujourd’hui chacun à un smartphone, internet et la télévision et ils savent très bien combien sont vendus en occident les produits qu’ils fabriquent pour quelques dollars ce qui, à leurs yeux, suffit à justifier la contrefaçon par le fait qu’ils considèrent que la part du gâteau est inégale et qu’au fond ce n’est que justice de s’en octroyer une partie, serait-ce par des moyens illégaux mais peu importe.
Le cas Nike et le maillot de la coupe du monde 2018
C’est un cas d’école si l’on peut dire et que je connais bien puisque l’usine qui les produit est près de chez moi.
Ce maillot coûte à peine 3 euros à la fabrication (incluant les frais de transport et de douane) et est vendu 140 euros en France soit un rapport de 1 à 47.
Le prix du maillot est ainsi proche du salaire mensuel de l’ouvrier Thaïlandais.
Comment peut-on expliquer un tel différentiel sinon par une réflexion uniquement axée sur le profit.
Certes la communication coûte chère, et à ce niveau la surenchère entre les marques est exponentielle à tel point que le coût de la communication a depuis longtemps dépassé le coût de production ce qui est selon moi un non-sens total, les marques étant devenues des agences de communication et les sportifs sous contrat des hommes sandwich qui ne se posent pas trop de questions et encaissent le fruit de leur notoriété sans réfléchir, surtout quand ils sont des faire-valoir politiques, le sport de haut niveau ayant largement dépassé la sphère purement sportive.
Les marques vous diront que leur marge est faible car la majeure partie est absorbée par le circuit de distribution. Certes c’est vrai mais c’est parce que l’on est dans un modèle économique qui a totalement dérapé au fil des décennies. La distribution elle-même se fait au travers de mastodontes guère plus petits que les marques elles-mêmes pour certains, et la communication et ses coûts est ainsi sans cesse multipliée de manière exponentielle.
Ceci étant dit que risquez-vous si vous ramenez en France des produits de contrefaçon au retour de votre voyage en Thaïlande ?
Vous risquez beaucoup… Tout d’abord on vous confisquera les produits. Ceci dit ce n’est pas très grave car ils sont peu chers mais surtout vous risquez une très forte amende.
familleBeaucoup de personnes, au regard du prix très bas des produits et de la relative qualité de certains d’entre eux sont attirées et en ramènent beaucoup, pour eux mais aussi pour la et les amis ce qui accroît considérablement le risque.
Se faire prendre avec un ou deux t-shirts peut être toléré, avec 15, 20 ou plus ça devient du trafic… et là l’addition est salée…
Si vous ramenez un ou deux articles ne les gardez pas dans leur emballage mais mélangez les avec vos autres effets, vous pouvez toujours dire que vous les avez acheté en France.
Il est préférable d’acheter les produits de contrefaçon dans le pays dans lequel on réside et de ne pas passer la douane avec, c’est une vérité absolue.
Concernant la contrefaçon en générale, la question reste posée dans son entièreté quant à sa légitimité. D’un point de vue purement juridique bien sûr on connait la réponse mais d’un point de vue moral la réponse n’est pas si sûr et finalement n’est-ce pas une forme de résistance face à des inégalités croissantes et finalement préjudiciables à tous, sauf aux marques et aux grands distributeurs…. Mais doit-on sacrifier la normalité générale et universelle sur l’autel du profit des marques et distributeurs ?
Quand on voit sur l'étiquette Lacoste ci-dessus que la contrefaçon est un vrai fléau, je pense qu'il conviendrait de se poser la question de savoir où est et quel est le vrai fléau...
le débat est ouvert, exprimez-vous !
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