HISTOIRE DE LA THAÏLANDE
Ce post va traiter de l’histoire de la Thaïlande, de ses origines à aujourd’hui.
Pays très riche culturellement, vous verrez que cette histoire a parfois été tumultueuse.
Les plus anciens vestiges humains sont des galets aménagés découverts dans la province de Lampang. Ils remontent à plus de 700 000 ans et sont attribuables à Homo Erectus.
Sur le site archéologique de Ban Chiang, dans le nord-est du pays, près d’Udon Thani ont été découverts en 1967 des vestiges d'une culture inconnue datant de l'âge de bronze (4000 à 2500 ans av. J.-C.). Les habitants de ce site avaient développé des outils de bronze et commencé la culture du riz en rizière ce qui indique le début d’une société organisée. Des sépultures et un grand nombre de poteries peintes et objets en bronze plus tardifs ont été mis au jour. Le site a été classé Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1992.
Au IIIe siècle, une puissance maritime connue seulement par le nom que lui donnent les textes chinois, le Fou-nan, dont le centre économique était situé dans l'actuelle région d'Oc-Eo dans le sud du Viêt Nam, contrôle le sud du Viêt Nam, la basse vallée du fleuve Chao Phraya et le nord de la péninsule Malaise. La description qu'en donne le compte-rendu d'une mission chinoise venue entre 245 et 250, qui les décrits comme "tous laids et noirs avec des cheveux frisés, allant nus et nu-pied", on pense que les habitants du Fou-nan étaient ethniquement khmers.
À la fin du Ve siècle apparaît, dans le sud de l'actuel Laos, une nouvelle puissance, agraire celle-ci, et également connue seulement par son nom chinois : le Chen-la. Ce royaume s'étend bientôt sur le nord du Cambodge actuel et le nord-est de l'actuelle Thaïlande, et finit par annexer le Fou-nan. On considère que le Chen-la est l'ancêtre du Cambodge.
Cette vaste région (équivalent de l'Indochine moins le Dai-Viet) était connue par les étrangers comme le Sovannaphum ou le Sovarnabhumi (qui est aujourd’hui le nom de l’aéroport principal de Bangkok).
Entre les VIe et IXe siècle, la civilisation que l'on appelle Dvaravati s'épanouit dans le centre de la Thaïlande (voir Indianisation de la péninsule indochinoise). Cette civilisation appartient à un peuple, les Môns, vivant de la Basse-Birmanie au nord de la péninsule Malaise. La dispersion des sites attribués à Dvaravati amène à penser que sa prospérité est liée au commerce qui sillonne l'Asie du Sud-Est continentale.
Au VIIe siècle les Môns fondent sur le site de l'actuelle Lopburi le royaume de Lavo (disparu en 1388), et au VIIIe ou IXe siècle celui d'Haripunjaya (disparu au XIIIe siècle) sur celui de l'actuelle Lamphun.
Très tôt, la péninsule malaise s'intègre dans un réseau commercial maritime qui relie la Chine à l'Inde, qu'on appelle parfois la Route maritime de la soie. Les cités-États portuaires de la péninsule adoptent des modèles culturels et politiques indiens (voir Indianisation de l'Indonésie). Des textes chinois du IIIe siècle apr. J.-C. mentionnent une cité qu'ils appellent Dun-sun, située dans le nord de la péninsule, qui contrôle les deux côtes.
Plus au sud, on a trouvé, près de la ville actuelle de Chaiya, des vestiges qu'on a datés du début du Ve siècle et appartenant à une cité que les textes chinois appellent Pan-pan.
À Chaiya même, on a trouvé une inscription datée de 697 de l'ère Saka (soit 775 apr. J.-C.), qui proclame qu'un roi de Sriwijaya, cité-État dont l'emplacement était sur l'actuelle ville de Palembang dans le sud de l'île indonésienne de Sumatra, y a érigé un stupa.
À partir du IXe siècle les Khmers, qui ont établi leur capitale à Angkor (voir Histoire du Cambodge), prennent progressivement le contrôle de l'ensemble de l'Asie du Sud-Est continentale, imposant leur domination à leurs cousins les Môns.
À cette époque, de premiers groupes de Thaïs, provenant de la Chine méridionale, commencent à s'établir dans les marches septentrionales de l'empire khmer, au nord des monts Dângrêk. Pendant les XIe et XIIe siècles, l'élément thai devient dominant dans la population de la région.
Les royaumes de Sukhothaï et Lannathai (± 1238 – 1558)
Selon la tradition, les chefs de clan thaïs de Sukhothaï s'affranchissent de la suzeraineté des Khmers en 1238 et élisent un roi. Le fils de ce roi, Ramkhamhaeng, c'est-à-dire « Rama le Hardi », est connu par une inscription datée de 1292, que les Thaïs considèrent comme l'acte fondateur de leur nation. Après sa mort, le pouvoir de Sukhothai a décliné et est devenu sujet du royaume d'Ayutthaya en 1365, qui a dominé la Thaïlande méridionale et centrale jusqu’en 1700.
Beaucoup d'autres États thaïs ont coexisté avec Sukhothai, notamment le royaume de Lannathai ou de Lanna dans le nord. Cet État a émergé à la même période que Sukhothaï, mais a survécu plus longtemps. Son histoire indépendante s’est terminée en 1558, quand il est tombé aux mains des Birmans ; il a ensuite été alternativement dominé par Ayutthayala et la Birmanie avant d'être conquis par le Roi siamois Taksin en 1775.
Sukhothaï (ou Sukothaï) est la première capitale du Siam (Thaïlande) fondée en 1238 et mettant fin au règne khmer d'Angkor Wat. Sukhothaï a été inscrite en 1991 au patrimoine mondial de l'humanité. Elle est plus célèbre pour son art que pour ses réalisations politiques.
À la fin du XIIIe siècle, dans les contrées voisines, les Mongols attaquent le Viêt Nam et l'Empire Khmer et saccagent la magnifique cité birmane de Pagan (1287). Sukhotaï se déclare leur vassale et profite de la situation. Ramkhamhaeng, dit « Rama le Fort », monarque respecté pour son équité et sa sagesse, la porte à son apogée entre 1275 et 1317. L'original de sa stèle, portant les plus anciennes inscriptions en alphabet thaï, se trouve au musée de Bangkok.
Située à environ 450 kilomètres au nord de Bangkok, l'immense Sukhothaï est aujourd'hui ruinée. Le palais en bois de ses rois a disparu. Toutefois, la ville possède encore de nombreux vestiges de temples, construits en latérite et en brique. La plupart des édifices qui ont été découverts, et pour partie relevés, se trouvent à l'intérieur d'un rempart renforcé de douves. Mais de nombreux autres bâtiments, disséminés dans les rizières environnantes, attendent d'être dégagés de l'enveloppe de terre qui les recouvre.
Une grande partie des objets retrouvés à Sukhothaï se trouve au musée national de Bangkok.
Bâtie sur les rives de la Yom, à une soixantaine de kilomètres au nord de Sukhothaï, Sri Satchanalai était la principale ville satellite du royaume. Elle fut un centre de potiers et les fouilles ont permis de dégager les fours souterrains. Dans les faubourgs de la ville, on produisait la célèbre céramique dite de Sawankhalok, du nom que portait la région au début de la période des rois d'Ayutthaya. Abandonnés à la fin du XVIIIe siècle, bon nombre de ses monuments ont été dégagés et restaurés dans le cadre des programmes dirigés par Khun Nikom.
La famille royale fuit la ville où le roi meurt de faim dix jours plus tard, marquant la fin de la lignée royale d'Ayutthaya.
La période de Bangkok, Thonburi (1768-1932)
Après plus de 400 ans de puissance, en 1767, le royaume d'Ayutthaya est conquis par les armées birmanes, sa capitale incendiée et son territoire démembré. Le général Taksin parvient à réunifier le Siam à partir de sa nouvelle capitale de Thonburi et se fait proclamer roi en 1769.
Cependant, le roi Taksin est déclaré fou, dépossédé de son titre, emprisonné et exécuté en 1782. Le général Chakri lui succède en 1782 sous le nom de Rama Ier, premier roi de la nouvelle dynastie Chakri. La même année, il fonde une nouvelle capitale, Bangkok, sur la rive de la Chao Phraya, en face de Thonburi.
Dans les années 1790, les Birmans sont défaits et chassés du Siam. Le royaume de Lannathai, appelé aussi royaume de Lanna, s'étant aussi débarrassé de l’occupation birmane, un roi d'une nouvelle dynastie y est installé dans les années 1790.
Les relations avec les Européens au XIXe siècle
Après la victoire des Anglais sur le royaume birman d'Ava en 1826, les héritiers de Rama I s'inquiètent de la menace du colonialisme européen. La première reconnaissance thaïe d’une puissance coloniale dans la région est formalisée par la signature d'un traité d'amitié et de commerce avec le Royaume-Uni en 1826, le traité Burney.
En 1833, les États-Unis inaugurent des échanges diplomatiques avec le Siam. Cependant, c’est pendant les règnes de Mongkut (Rama IV) et de son fils le roi Chulalongkorn (Rama V) que la Thaïlande se rapproche fermement des puissances occidentales. Les Thaïs attribuent aux qualités diplomatiques de ces monarques et aux réformes modernistes de leurs gouvernements le fait que le Siam est le seul pays d'Asie du Sud-Est à avoir échappé à la colonisation.
Le Roi RAMA V
On se doit d’ajouter un chapitre sur ce Roi légendaire qui aujourd’hui encore est extrêmement respecté par les thaïlandais.
Rama V, qui régna de 1868 à 1910, est le cinquième roi de la dynastie Chakri, fondée en 1782, et qui règne depuis cette date sur la Thaïlande, anciennement Siam. Il est plus connu sous le nom de Chulalongkorn.
Fils aîné du roi Rama IV, il est né à Bangkok le 20 septembre 1853. Innovation importante pour l'époque, il reçut une éducation à la fois moderne et traditionnelle par des moines bouddhistes. Après un règne de 42 ans, il mourut le 23 octobre 1910 après avoir eu 77 enfants de 36 de ses 92 femmes.
L'originalité de son règne
Continuant sur l'impulsion donnée par son père, il a été le grand modernisateur du royaume de Siam. Il fut le premier roi à entreprendre des voyages à l'étranger, à Singapour, en Inde et en Europe ; il fut reçu en Belgique et en France, en 1897 et 1907.
Inspirée par les idées qu'il ramène de ces voyages, son action a été fondamentale dans tous les domaines. Tout d'abord il modernisa et centralisa l'administration, puis organisa les services postaux (1885), les chemins de fer (1893), fonda la première université, la première école d'administration, école militaire et école navale. Les billets de banque furent introduits en 1902 et le système décimal imposé en 1908. L'esclavage fut aboli le 31 mars 1895, ainsi que la corvée due par les hommes libres (phrai luang). En 1874, il fonde le musée national de Bangkok.
Pour mener à bien toutes ces réformes et innovations, il s'entoura d'experts étrangers et de conseillers venant des pays occidentaux. Il nomma Gustave Rolin Jaequemyns comme conseiller général. Cet expert en droit international aida le roi à rédiger la constitution et à moderniser les institutions publiques. Le roi prit le nom de Rama V. Les coutumes et vêtements occidentaux furent pour la première fois introduits dans le royaume.
Parallèlement à ces réussites intérieures, le pays eut à faire face durant son règne à une pression colonisatrice importante de la part des Britanniques et des Français. Le roi sut habilement jouer sur l'équilibre des forces et réussit à préserver l'indépendance de son pays, mais au prix de concessions territoriales. Il abandonna une partie du Cambodge et le Laos à la France (1893-1907) et des territoires frontaliers de la Malaisie au Royaume-Uni (Traité anglo-siamois de 1909).
Rama V et la Thaïlande d'aujourd'hui
Le roi Chulalongkorn a été très aimé de son peuple de son vivant,ses sujets ont bénéficié de nombreuses mesures sociales,
l'essor économique a été spectaculaire. Cette reconnaissance s'est exprimée par une quasi-canonisation, et ce roi est l'objet encore aujourd'hui d'un culte actif, de très nombreuses maisons thaïessont ornées de son portrait, des prières lui sont adressées et des statues à son effigie sont érigées en de nombreux endroits.
Le 23 octobre, anniversaire de sa mort est jour férié.
Progressivement, au XIXe siècle, le Siam recule face à deux puissances européennes : le Royaume-Uni et la France. Ces deux puissances grignotent le pays, à la fois territorialement sur ses marges, et dans sa souveraineté.
La France, en 1873 et 1883, intervient deux fois pour mettre fin à la piraterie des Pavillons noirs dans le Tonkin, théoriquement sous protectorat siamois. En réaction, le Siam occupe Luang Prabang en 1883, mais ne peut empêcher l’installation d’un vice-consulat français dans cette ville en 1886 (Auguste Pavie), ni l’annexion en 1888 de 72 cantons par la France.
En 1893, plusieurs incidents opposent le Siam et la France : soit celle-ci les provoque, soit elle en exagère l'importance, faisant ainsi monter la pression, jusqu’à l’envoi illégal de deux canonnières à l’embouchure de la Chao Phraya, que leurs capitaines annoncent leur intention de remonter jusqu’à Bangkok. Le Siam se met en tort en ouvrant le feu : le casus belli est saisi par Pavie, résident français à Bangkok ce qui déclenche la guerre franco-siamoise de 1893. Il exige l’abandon de la rive orientale du Mékong ; un blocus est mis en place à l’embouchure du Chao Phraya. Le Siam cède et la France ajoute à ses exigences une zone démilitarisée large de 25 km le long de la rive occidentale du Mékong, plus les provinces de Battambang et de Siem Reap. La ville de Chanthaburi est occupée par une garnison française (traité signé le 3 octobre 1893).
Le 13 février 1904, la France annexe Luang Prabang et Champassak.
Du côté anglais, des provinces sont réunies à la Birmanie. Le chemin de fer vers Singapour est concédé en exclusivité à une société britannique. Le Royaume-Uni obtient de plus l’assurance qu’aucun canal ne sera percé dans l’isthme de Kra.
Le traité anglo-siamois de 1909 établit la frontière moderne entre le Siam et la Malaisie britannique. Le Siam doit céder à l’Angleterre les états malais de Kedah, Kelantan, Perlis et Terengganu, jusque là ses vassaux et qui deviennent protectorats britanniques. La suzeraineté thaïe est maintenue sur le royaume de Patani (divisé depuis pour donner les provinces de Pattani, Yala, Narathiwat) et le district de Setul, détaché du Kedah (et devenu depuis la province de Satun).
Une série de traités avec la France a fixé la frontière orientale présente du pays avec le Laos et le Cambodge, le Siam plus tôt avait fait des réclamations et dans une certaine mesure contrôlé ces deux territoires.
Au total, le Siam a perdu 456 000 km² durant le règne de Chulalongkorn.
Première Guerre mondiale
Bien que le Siam ne soit pas concerné par la Première Guerre mondiale, le roi Rama VI décide de l'y engager dans l'espoir d'obtenir la fin des traités inégaux. Le pays déclare la guerre à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie le 22 juillet 1917. Son armée saisit plusieurs navires allemands et un petit corps expéditionnaire est envoyé en Europe. Cette action permet au Siam de figurer parmi les vainqueurs de la guerre au Traité de Versailles et parmi les fondateurs de la Société des Nations.
Lorsque le président des États-Unis Woodrow Wilson déclara la guerre à l'Allemagne en avril 1917, il était clair que l’entrée en guerre des Américains aux côtés de l’Entente rompait l'équilibre au détriment des puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie et Empire ottoman).
Resté à l'écart du conflit, le roi Vajiravudh (Rama VI) examina les opportunités que celui-ci lui offrait. Bien que le Siam soit resté neutre depuis le début de la Première Guerre mondiale en août 1914 et que le pays jouisse de relations amicales avec l'Allemagne, Rama VI trouva avantageux de lier son sort à celui des puissances alliées.
Le monarque était convaincu que la participation du Siam serait « une excellente occasion pour nous d'obtenir l'égalité avec les autres nations », le Siam ayant souffert des visées impérialistes tant des Britanniques (cession de quatre provinces du sud par le Traité anglo-siamois de 1909) que des Français avec la perte du Laos et du Cambodge.
En outre, le Siam ayant été contraint d'accepter des droits d’extraterritorialité pour les citoyens de pays comme la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, le roi Rama VI espérait que la participation siamoise à la guerre permettrait une révision de ces traités inégaux.
Déclenchement
Le 22 juillet 1917, malgré les réticences de certains membres du gouvernement royal, le roi Vajiravudh (Rama VI) déclara la guerre à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie, le Siam saisissant immédiatement et, plus tard, conservant à titre de dommages de guerre onze navires appartenant à la compagnie « North German Lloyd » (LGN).
Le Siam envoya en Europe une petite force expéditionnaire, sous le commandement du général Phya Pijaijarnrit (par la suite promu au grade de lieutenant-général et connu sous le nom de Phya Devahastin). Elle était composée de 1 284 volontaires et comportait un détachement de 95 pilotes du corps aérien, un contingent du corps des transports, une unité médicale et une de maintenance qui devait servir avec les forces britanniques et françaises sur le front occidental.
Les Siamois arrivèrent en 1918 et le personnel de l’armée de l'air commença à se former dans les Écoles française de pilotage d’Avord et d'Istres. Plus de 95 hommes furent brevetés pilotes et certains furent envoyés à l’École de bombardement du Crotoy, à l’École de reconnaissance de La Chapelle-la-Reine, à l’École de tir de Biscarosse, et à l’École de chasse de Poix. Selon certaines sources, les pilotes effectuèrent leurs premières sorties dans les dernières semaines de la guerre, bien que d'autres soutiennent que les Siamois ont terminé leur formation trop tard pour y participer.
L'unité médicale comprenait des infirmières ; elles furent, selon des sources thaïlandaises, les seules femmes à servir dans les tranchées du front occidental.
Un mémorial fut érigé en l'honneur du corps expéditionnaire à Bangkok, sur Sanam Luang (à l’angle près du musée national). Y figurent les noms des 19 soldats tués sur le front occidental. Un mémorial individuel (Sergent Major Charern Pirod) existe aussi dans l’enceinte du poste de police de Den Chai (province de Phrae).
Conséquences
Le Siam a participé au Traité de Versailles (les articles 135, 136 et 137 du traité de Versailles lui sont consacrés).
Droits et intérêts allemands outre-mer - Section III - Le Siam
Article 135
L'Allemagne reconnait que tous les traités, conventions et accords entre elle et le Siam, ainsi que tous les droits, titre et privilèges dérivés de là, y compris toutes les droits de juridiction extraterritoriale, ont pris fin à compter du 22 juillet 1917.
Article 136
Toutes les marchandises et biens situés au Siam appartenant à l'empire allemand ou autre état allemand, excepté les lieux utilisés en tant que résidences ou bureaux diplomatiques ou consulaires, passent dès à présent et sans compensation au gouvernement siamois. Les marchandises, les biens et les droits privés des ressortissants allemands au Siam seront traités selon les dispositions de la partie X (clauses économiques) du présent Traité.
Article 137
L'Allemagne renonce à toutes réclamations contre le gouvernement siamois en son nom ou celui ses ressortissants, réclamations concernant la saisie ou la condamnation des bateaux allemands, la liquidation des propriétés allemandes, ou l'internement des ressortissants allemands au Siam. Cette disposition n'affectera pas les droits des parties intéressées quant au montant de l’indemnisation d'une telle liquidation, montant qui sera régi par les dispositions de la partie X (clauses économiques) du présent Traité.
Autres bénéfices
En janvier 1920, le Siam fut un des membres fondateurs de la Société des Nations.
Le 1er septembre 1920, la décision du roi Vajiravudh d'entrer en guerre se trouva justifiée lorsque les États-Unis abandonnèrent leurs droits d’extraterritorialité. Après cinq ans de négociations, la France a renoncé à ces mêmes droits en février 1925 et la Grande-Bretagne en juillet de la même année.
Seconde Guerre mondiale
Le coup d'État du 24 juin 1932 au Siam est une transition sans effusion de sang d'une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle. Parmi les conspirateurs se trouve le lieutenant-colonel Plaek Pibulsonggram, plus connu sous le nom de Phibun.
En 1935, le roi Prajadhipok abdique. Son neveu Ananda Mahidol, un enfant qui suit son éducation en Suisse, est désigné pour lui succéder.
En 1938 Phibun, qui a maintenant le grade de major-général, devient premier ministre. C'est un admirateur de Mussolini. Il fait arrêter 40 opposants politiques en 1939, monarchistes aussi bien que démocrates. Après une parodie de procès, 18 d'entre eux sont exécutés. Phibun change le nom du pays, qui de Siam devient Prathet Thai, "pays des Thaïs" ou Thaïlande. Ce nom sous-entendait une unité de tous les peuples de langue thaï, ce qui incluait les Lao du laos et les Shan de Birmanie, mais excluait les Chinois. Le slogan du régime est d'ailleurs la "Thaïlande aux Thais". Un autre argument est étymologique, le mot thai signifiant également "libre". Le nom de Prathet Thai est d'abord employé non officiellement entre 1939 et 1945 puis déclaré officiel le 11 mai 1949.
En 1940, profitant de l’affaiblissement de la France après la défaite de juin devant les Allemands, la Thaïlande attaque l’Indochine française. La guerre franco-thaïlandaise dure quelques mois, et se conclut par l'annexion de quelques provinces par la Thaïlande, notamment grâce à l'arbitrage de l'Empire du Japon, soucieux de se ménager un allié en Asie.
La guerre franco-thaïlandaise (1940-1941) a opposé la Thaïlande du général Plaek Pibulsonggram, dit Phibun, et l'État français dans la péninsule indochinoise. Elle précède de quelques mois le déclenchement de la guerre du Pacifique proprement dite.
Les négociations avec la France avant la Seconde Guerre mondiale avaient prouvé que le gouvernement français était disposé à faire des modifications mineures dans les frontières entre la Thaïlande et l'Indochine française. Après la défaite de la France en 1940, le Major-Général Plaek Pibulsonggram, premier ministre de la Thaïlande, décide que la situation donne aux Thaïlandais une chance encore meilleure de regagner les territoires perdus pendant le règne du Roi Chulalongkorn.
Contexte
Le 12 juin 1940, le gouvernement thaïlandais avait accepté de signer avec la France un pacte de non-agression mais après la déroute française de 1940, le premier ministre thaïlandais Phibun entrevoit une chance pour la Thaïlande de récupérer les territoires abandonnés à la France durant le règne de Chulalongkorn (provinces de Melou Prei et de Tonlé Repou en 1904, et provinces de Battambang, de Sisophon et de Siem Reap en 1907 qui fut cédé en 1867 contre la reconnaissance du protectorat sur le royaume khmer ; ces provinces furent toutes rattachées au Cambodge), et de venger les humiliations subies en 1893 (rattachement du Laos à l'Indochine française) et 1904.
L’affaiblissement de la métropole rendait le maintien du contrôle français sur l’Indochine hasardeux et difficile. L’administration coloniale, privée d’aide et de renforts, avait été forcée à autoriser les Japonais à s’installer en Indochine française après la prise de Lạng Sơn (offensive des 22-25 septembre 1940). La faible résistance française face à cette invasion convainc le régime de Phibun qu’un affrontement militaire tournerait à son avantage.
Les forces en présence
Les forces françaises en Indochine étaient composées d'une armée d'approximativement 60 000 hommes, dont 12 000 étaient originaires de métropole (et servaient dans les régiments dits de "souveraineté"), organisée en 41 bataillons d'infanterie, deux régiments d'artillerie, et d'un bataillon du génie. La faiblesse la plus évidente de l'armée française était son manque de chars : elle pouvait aligner seulement 20 Renault FT-17 contre 134 pour l'armée thaïlandaise.
La force aérienne vichyste en Indochine était composée d'une centaine d'avions, dont environ soixante pouvaient être envoyés en première ligne: 30 Potez 25, quatre Farman 221, six Potez 542, neuf Morane-Saulnier M.S.406 et huit Loire 130.
L'armée thaïlandaise était relativement bien équipée. Elle se composait d'environ soixante mille hommes, divisée en quatre armées, la plus importante étant l'armée de Burapha avec cinq divisions. Les formations indépendantes sous l'autorité directe du haut commandement d'armée comprenaient deux bataillons motorisés de cavalerie, un bataillon d'artillerie, un bataillon des transmissions, un bataillon du génie et un régiment blindé. L'artillerie avait à sa disposition un mélange de Krupp âgés, d'obusiers Bofors modernes et des mortiers de campagne, tandis que soixante chenillettes Carden-Loyd et trente Vickers 6-Ton composaient l'arme blindée.
L'aviation et la marine thaïlandaise avaient bénéficié dans les années 1930 de l'attention du gouvernement thaïlandais. La Force aérienne royale thaïlandaise disposait d'environ 200 avions de combat et de 120 avions d'entraînement. L'embargo américain d'octobre 1940 avait poussé Bangkok à se fournir davantage au Japon : durant l'hiver 1940, le pays reçut ainsi 33 Nakajima Ki-27 et 9 bombardiers Mitsubishi Ki-21-I, ainsi qu'une trentaine de Mitsubishi Ki-30. Elle engagea cependant plutôt des modèles plus anciens, notamment des Martin B-10.
La marine regroupait pour sa part une trentaine d'unités, dont deux garde-côtes cuirassés de construction japonaise, le Thonburi et le Sri Ayuthaya (armés de quatre canons de calibre 203 mm), neuf torpilleurs de construction italienne (pourvus de six tubes lance-torpilles de 533 mm) et quatre sous-marins côtiers (livrés en 1938 par le Japon). Elle comportait également une petite aviation anti-sous-marine, et deux bataillons de fusiliers-marins.
Déclenchement et opérations
Après des manifestations nationalistes et anti-françaises à Bangkok, des escarmouches frontalières se succèdent le long du Mékong. L’aviation thaïlandaise, supérieure en nombre, bombarde de jour Vientiane, Sisophon, et Battambang en toute impunité. Les forces aériennes françaises tentent des raids en représailles, mais les dégâts causés à la Thaïlande sont bien moindres. L’amiral Jean Decoux, gouverneur général d’Indochine, reconnaît d’ailleurs que les aviateurs thaïlandais pilotent comme des hommes ayant plusieurs campagnes à leur actif. En décembre 1940, la Thaïlande occupe Pak-Lay et la Province de Champassak.
Début janvier 1941, le Burapha Thai et les armées Isaan lancent une offensive sur le Laos et le Cambodge. La résistance française est immédiatement en place, mais de nombreuses unités sont surpassées par les forces thaïlandaises, mieux équipées. Les Thaïlandais occupent rapidement le Laos, alors qu’au Cambodge la résistance française est plus efficace.
Le 16 janvier, la France lance une large contre-offensive menée par le 5e régiment étranger d'infanterie sur les villages thaïlandais de Yang Dang Khum et de Phum Préav, où se déroulent les plus féroces combats de la guerre. La contre-attaque française est bloquée et s’achève par une retraite, mais les Thaïlandais ne peuvent poursuivre les forces françaises, leurs chars ayant été cloués au sol par un canon anti-char français.
Bataille de Koh Chang
Alors que la situation à terre est critique pour la France, l’amiral Jean Decoux donne l'autorisation à l'amiral Terraux, commandant la Marine en Indochine, d'exécuter une opération contre la Marine thaïlandaise.
L'ordre est donné aux navires de guerre disponibles d’attaquer dans le golfe de Thaïlande. Une reconnaissance aérienne est effectuée le 16 janvier à Satahib (pointe Est de la baie de Bangkok) et à Koh Chang.
Au matin du 17 janvier 1941, le « groupe occasionnel », flotte de circonstance formée du croiseur La Motte-Picquet, des avisos coloniaux Dumont d'Urville, Amiral Charner et des avisos Marne et Tahure, placé sous le commandement du capitaine de vaisseau Régis Bérenger, commandant le croiseur La Motte-Picquet, attaque les navires thaïlandais à Koh Chang.
Bien que la flotte thaïlandaise soit plus moderne et surclasse en nombre la marine française, celle-ci mène l'attaque avec audace et le combat s'achève par une victoire complète. À l'issue de la bataille qui dure presque deux heures, le bilan est lourd côté thaïlandais. Les torpilleurs Chomburi, Trat et Songkla sont coulés. Le garde-côtes cuirassé Dombhuri chavire, en flammes. Son sister ship, l'Ahidéa est lui aussi coulé. Une bonne partie de la flotte de guerre thaïlandaise est ainsi détruite.
Le bilan des pertes humaines diverge selon les sources.
Selon la marine française, plus de 300 hommes sont morts du côté thaïlandais et il n'y a guère que 80 survivants.
C'est une victoire importante : la bataille de Koh Chang est la dernière bataille navale remportée par la France.
Cependant, le 24 janvier, la bataille aérienne finale a lieu lorsque l’aéroport français de Siem Reap, près d’Angkor, est atteint par un raid des bombardiers thaïlandais.
Conclusion et conséquences
Le bilan de la guerre diverge selon les sources. Certaines mentionnent environ 3 400 morts.
Le Japon, désireux de s'assurer la collaboration militaire de la Thaïlande, intervient rapidement en médiateur dans le conflit. Un ultimatum impose d'abord aux deux belligérants un armistice, proclamé le 28 janvier. Le 9 mai, la France, sous contrainte japonaise, signe un traité de paix, par lequel elle abandonne les provinces de Battambang et Siem Reap, prises au Cambodge, de Champassak et Sayaburi (prises au Laos qui cède ainsi les territoires sur la rive droite du Mékong) soit un territoire de plus de 97 600 km22 habité par 420 000 personnes. Ce traité est suivi d’un autre entre la France et le Laos le 21 août.
Cette annexion provoque, en juillet 1941, l’imposition par les États-Unis d'un embargo sur les livraisons de pétrole vers le Japon et la création, avec l'aide des services secrets anglo-saxons, du Thaï Séri (les Thaïs libres), organisation clandestine anti-japonaise.
Le gouvernement thaïlandais promet oralement aux Japonais de leur laisser le passage sur son territoire dans le cadre de l'attaque sur la Malaisie prévue par l'Empire.
Le 8 décembre 1941, la Thaïlande n'ayant toujours pas répondu aux demandes japonaises, le Japon décide de passer outre et, afin de pouvoir passer en Malaisie, envahit le territoire de la Thaïlande. Cette invasion se conclut par la bataille de Prachuab Khirikhan et un cessez-le-feu quelques heures plus tard, puis, la Thaïlande s’allie au Japon.
Les territoires annexés par la Thaïlande ne sont restitués qu'en novembre 1947 à la France, qui ne les conserve pas longtemps, car les territoires d'Indochine obtiennent l'indépendance peu après. La faiblesse que la France a révélée est un des facteurs de cette décolonisation.
Pertes
L'armée française eut un total de 321 tués, dont 15 officiers. Après le 28 janvier, elle comptait 178 disparus (6 officiers, 14 sous-officiers, et 158 hommes enrôlés). Les Thaïlandais capturèrent 222 hommes (17 Nord-africains, 80 Français, et 125 Indochinois). En 1955, les 178 disparus furent reconnus comme décédés, ce qui porte le bilan à 499 morts militaires entre fin 1940 et début 1941.
L'armée thaïlandaise eut un total de 54 tués et 307 blessés. 41 marins et soldats de la marine thaïe furent tués, et 67 blessés. À la bataille de Koh Chang, 36 hommes furent tués, dont 20 membres d'équipage du HTMS Thonburi, 14 du HTMS Songkhla, et 2 du HTMS Chonburi. L'Armée de l'Air thaïlandaise perdit 13 hommes. 21 militaires thaïlandais furent capturés par les Français.
Environ 30 % des avions français avaient été rendus inutilisables vers la fin de la guerre, une partie en raison de dommages mineurs, non réparés par la suite, occasionnés lors des raids aériens. L'Armée de l'Air de Vichy admit la perte d'un Farman F221 et deux Morane-Saulnier MS.406 détruits au sol, mais en réalité ses pertes étaient plus grandes.
Au cours de sa première expérience de combat, l'Armée de l'Air Royale thaïlandaise prétendit avoir abattu cinq avions français en vol et dix-sept détruits au sol, pour la perte de trois de ses propres avions dans le ciel et de cinq à dix détruits dans des raids aériens français sur les terrains d'aviation thaïs.
Le 8 décembre 1941, quelques heures après l'attaque de Pearl Harbor, la 25e armée japonaise envahit le sud de la Malaisie, alors sous protectorat britannique. Le gouvernement thaïlandais ayant tardé à donner l'autorisation de traverser son territoire, le Japon passe en force. Des heurts se produisent entre Thaïlandais et Japonais, mais un cessez-le-feu est décrété le même jour. Constatant l'avance foudroyante des Japonais dans la Bataille de Malaisie, le gouvernement thaïlandais oublie ses réticences et s'allie avec l'Empire du Japon. Le Quartier général impérial signe le 21 décembre un "traité d'amitié" avec le gouvernement thaïlandais et l'amène à lui laisser l'usage de ses bases militaires pour l'invasion des autres pays d'Asie du Sud-Est. Le 22 janvier 1942, la 55e division japonaise lance depuis Rahaeng en Thaïlande (province de Pathum Thani) une attaque sur la Birmanie à travers le col de Kawkareik en pays karen. La 17e division indienne de l'armée britannique, qui gardait le secteur, formée à la hâte et mal entraînée, doit battre en retraite vers l'ouest.
En accord avec l'alliance militaire entre la Thaïlande et le Japon signée le 21 décembre 1941, le 25 janvier 1942, la Thaïlande déclare la guerre aux États-Unis et au Royaume-Uni. Des éléments de l'armée thaïlandaise franchissent la frontière et pénètrent dans l'état Shan (dont les habitants sont de langue de la même famille que le thaï) en Birmanie le 10 mai 1942. Trois divisions d'infanterie et une division de cavalerie, précédées de groupes de reconnaissance et soutenues par l'aviation, entrent en contact avec la 93e division chinoise, qui doit battre en retraite. Kengtung est prise le 27 mai. De nouvelles offensives repoussent les troupes chinoises au Yunnan dans le sud de la Chine.
En août 1943, les Alliés créent le South East Asia Command (SEAC) dans le but de coordonner leurs différentes troupes présentes sur le théâtre d'Asie du Sud-Est. La première zone d'opération pour les forces terrestres du SEAC est constituée par l'Inde, la Birmanie, Ceylan, la Malaisie, Sumatra (dans l'actuelle Indonésie) et la Thaïlande.
Une opposition à la politique de Plaek Pibulsonggram se fait jour en Thaïlande. Seni Pramoj, ambassadeur de la Thaïlande aux États-Unis, refuse de remettre la déclaration de guerre, et fonde à Washington les Forces Thaïlandaises Libres. La Reine Ramphaiphanni, veuve de l'ancien Roi, anime un gouvernement en exil au Royaume-Uni. Le régent Pridi Banomyong anime secrètement des mouvements anti-japonais. L'économie de la Thaïlande souffre de sa participation au conflit mondial. En tant qu'allié du Japon, le pays subit des bombardements.
Avec les revers successifs du Japon, Phibun est mis en minorité à l'Assemblée et contraint de démissionner. À la fin de la guerre, les Alliés le jugent pour crimes de guerre et collaboration avec l'ennemi. Mais l'opinion publique, qui lui est favorable, amène à l'arrêt des poursuites.
Après la Seconde Guerre mondiale
Le jeune Roi Ananda Mahidol revient en Thaïlande à la fin 1945, après des années d'absence. Mais, le 9 juin 1946, il est retrouvé mort.
Son frère Bhumibol Adulyadej lui succède.
En novembre 1947, des unités de l'armée contrôlées par Phibun forcent le gouvernement à démissionner. Phibun redevient premier ministre en avril 1948. Cette fois-ci, son régime adopte une façade démocratique. Il reçoit de l'aide des États-Unis lorsque la Thaïlande participe à la force multinationale des Nations Unies lors de la guerre de Corée.
Phibun renoue avec sa politique anti-chinoise des années 1930. Son gouvernement arrête l'immigration chinoise et prend diverses mesures pour restreindre la domination économique des Chinois en Thaïlande. Les écoles et associations chinoises sont de nouveau interdites.
En 1951, alors qu'il assiste à une cérémonie à bord du USS Manhattan de la marine américaine, Phibun est pris en otage par un groupe d'officiers de la marine thaïlandaise. Des combats éclatent dans les rues de Bangkok entre la marine et l'armée de terre, cette dernière étant soutenue par l'armée de l'air. Phibun réussit à s'échapper. Les marins déposent les armes.
La Thaïlande devient un allié officiel des États-Unis avec la signature de l'Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est (SEATO dans son sigle anglais) en 1954. Durant la guerre d'Indochine, elle reste néanmoins à l'écart.
En 1957, le maréchal Sarit Dhanaraj(=Thanarat) prend le pouvoir et force Phibun à s'exiler au Japon. Ce dernier y demeurera jusqu'à sa mort en 1964.
La Thaïlande passe un accord secret avec les États-Unis en 1961. Elle envoie des troupes au Viêt Nam et au Laos et autorise les États-Unis à installer des bases aériennes dans l'est du pays, d'où décollent les bombardiers B-52 qui pilonnent le Nord Viêt Nam.
1973 et après : un début de démocratie
L'histoire de la Thaïlande depuis 1973 a été une suite de transitions difficiles et parfois sanglantes entre le pouvoir militaire et civil. La révolution de 1973 a été suivie d’une brève et instable démocratie, puis du retour à un régime militaire, porté au pouvoir par un coup d’État en 1976. Ce régime militaire a été très instable en raison des multiples coups d’État. Au cours de la plus grande partie des années 1980, le général Prem Tinsulanonda a régné sur la Thaïlande à la tête du régime militaire, et ce, avec un mandat démocratique à partir de 1983. Par la suite, le pays est demeuré une démocratie, mise à part une brève période sous un régime militaire de 1991 à 1992. Le parti Thai Rak Thai (les Thaïs aiment les Thaïs) mené par le premier ministre Thaksin Shinawatra gouverna à partir de 2001, jusqu'à ce qu'un nouveau coup d'État le renverse en 2006.
Révolution
En octobre 1973 des manifestations massives ont eu lieu à Bangkok, exigeant la fin du régime militaire. Le général Thanom Kittikachorn a répondu avec force, et jusqu'à 70 manifestants ont été tués dans les rues, du jamais vu en Thaïlande. Cette intervention violente du régime militaire a incité le roi Rama IX à faire sa première intervention dans la politique thaïlandaise en retirant son appui au régime militaire, et le 14 octobre 1973, le général Thanom Kittikachorn a démissionné et a quitté le pays.
Les événements d'octobre 1973 se sont révélés une révolution dans la politique thaïe. Pour la première fois, la bourgeoisie urbaine, menée par les étudiants, avait défait les forces combinées de la vieille classe régnante et de l'armée et gagné la bénédiction apparente du Roi pour une transition vers la pleine démocratie, symbolisée par une nouvelle constitution qui prévoit une législature entièrement élue.
Malheureusement, la Thaïlande n'avait pas encore produit une classe politique en mesure de faire fonctionner cette nouvelle démocratie sans à-coup. Les élections de janvier 1975 n'ont pas produit une majorité stable, et une nouvelle élection en avril 1976 a donné les mêmes résultats. Le politicien-vétéran Seni Pramoj et son frère Kukrit Pramoj ont alterné au pouvoir, mais n’ont pas été en mesure de mener une réforme cohérente du système politique. La forte hausse des prix du pétrole en 1974 a mené à une récession et à l'inflation, affaiblissant la position du gouvernement. Le geste politique le plus populaire du gouvernement démocratique a été d'ordonner le retrait des forces américaines de Thaïlande.
La sagesse de ce geste a été bientôt remise en cause, quand les communistes ont pris le pouvoir au Viêt Nam, au Laos et au Cambodge en avril et mai 1975. L'arrivée des régimes communistes aux frontières de la Thaïlande, l'abolition de 600 ans de monarchie laotienne et l'arrivée d'une pléthore de réfugiés du Laos et du Cambodge, ont fait basculer l'opinion publique thaï à nouveau vers la droite et les conservateurs ont fait bien mieux aux élections de 1976 qu'en 1975. L'aile gauche du mouvement étudiant n'a pas accepté leur victoire et a continué à manifester pour des changements radicaux.
Régime militaire
À la fin de 1976, la bourgeoisie modérée a tourné le dos au radicalisme de plus en plus militant des étudiants basé à l'université Thammasat. L'armée et les parties de droite ont lutté contre les radicaux de gauche avec des groupes paramilitaires tels que les « Village Scouts » et le « Red Gaurs ». L'exemple s’est présenté en octobre quand Thanom est revenu en Thaïlande pour entrer au monastère. Des manifestations violentes d'étudiants se sont heurtées à des contre-manifestants. Le 6 octobre 1976, l'armée a lâché les paramilitaires sur les manifestants, organisant le massacre de Thammassat, et a utilisé cette orgie de violence, dans laquelle des centaines d'étudiants ont été torturés et tués, pour suspendre la constitution et reprendre le pouvoir.
Élections et coups d'État
En 2001, le parti Thai Rak Thai (Thaï aime les Thaïs) mené par Thaksin Shinawatra remporta les élections et lança un certain nombre de réformes à destinations des classes populaires, surtout rurales et dans l'Est du pays. Le 19 septembre 2006, alors que le premier ministre Thaksin se trouvait à New York, il fut renversé par une partie des forces armées (voir Coup d'État de septembre 2006 en Thaïlande). Le chef de l'armée, le général Sonthi Boonyaratglin, 59 ans, premier musulman à occuper ce poste dans le royaume bouddhiste, a pris la tête d'un Conseil pour la réforme démocratique formé des commandants des trois armes et de la police, qui a abrogé la Constitution, décrété une loi martiale aux contours mal définis, dissous le gouvernement et pris tous les pouvoirs. Depuis cette date, plusieurs Premiers ministres se sont succédé, et l'instabilité est restée larvée, culminant en 2010 dans d'importantes manifestations
En 2011, la sœur de Taksin, Yingluck Shinawatra, devient Premier ministre. Fin 2013, accusée d'être la marionnette politique de son frère, toujours en exil, elle est la cible de manifestations de l'opposition (urbaine et royaliste, alors que le Premier ministre est soutenue par les paysans ruraux) qui demandent sa démission, alors qu'est envisagé un projet d'amnistie pouvant faciliter le retour de Thaksin en Thaïlande. Même si des milliers de manifestants réussissent à envahir le siège du gouvernement, cette action n'est pas considérée comme une victoire politique, alors qu'une trêve a lieu pour célébrer les 86 ans du roi Bhumitbol et que l'armée refuse de prendre position. Elle décide finalement de dissoudre le Parlement et d'organiser des élections législatives anticipées, qui se tiendront le 2 février 2014.
En mai 2014, le pays connaît son 12e coup d'État depuis l'instauration de la monarchie constitutionnelle en 1932.
2016 a vu la disparition du Roi RAMA IX à l’âge 88 ans et après 70 ans de règne, ce qui fait de lui le Roi ayant régné le plus longtemps au monde.
Un deuil de 1 année a été décrété, deuil profondément respecté par les thaïlandais qui ont perdu le père de la Nation, respecté par tous sans distinction politique.
Il fut aussi celui qui sut pendant tout son règne maintenir une unité malgré tous les coups d’état et éviter au pays de basculer dans la guerre civile.
Son fils ainé lui succède et devient RAMA X